Petit-fils d’une femme pied-noir, fils d’un harki, fille d’un immigré ouvrier, membre du FLN, officier adhérent de l’OAS, jeune appelé du contingent, militante anticoloniale… les paroles se croisent. Tous ces mots s’interpellent et font écho à ce que les autrices Alice Carré et Margaux Eskenazi, également metteuse en scène, nomment les « poétiques-politiques ».
Une traque minutieuse de la mémoire coloniale et de ses oublis. De 1955 à 2001, un demi-siècle revu à travers ces bribes d’Histoire, ces instants reconstitués, ces témoignages croisés avec les voix des poètes politiques, Camus et Kateb, Dib et Ferraoun Djebar et Sartre, Lindon et Serreau.
Les faits historiques sont restitués, les textes lus, les discours cités. Les comédiens changent de personnages, de temps et de lieux.
Une polyphonie singulière et signifiante, accentuée par une distribution sans critère de sexe, de couleurs de peau ou de nationalité où chacun joue son rôle sans déterminisme préalable.
Après Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre, Et le coeur fume encore est le deuxième volet du diptyque Écrire en pays dominé, un titre emprunté par la Compagnie Nova à l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau.
Ainsi, après les mondes de la négritude et de la créolité, c’est l’Algérie qui est au cœur de cette « investigation théâtrale sur les écritures et les pensées de la décolonisation ».