Marielle Pinsard joue de sa marque de fabrique, effet loupe, prisme grossissant et acuité mordante du rire. Elle reconstitue une détonante petite bande, que l’on préfère voir sur scène que sur son palier, en réunissant, dix ans après, les personnages de l’un de ses précédents spectacles, Nous ne tiendrons pas nos promesses. La pièce est construite sur un matériau épars, habilement tramé, fait de bribes de conversations, de blagues et d’anecdotes, de faits divers, de maladresses. Les costumes sont à la mesure et la gestuelle à l’avenant.
La cible privilégiée : les bobos, plutôt nantis, volontiers péremptoires, militants du salon et indignés du fauteuil, beaux discours et mauvaise foi renouvelables. Ils sont les précieux ridicules d’un théâtre iconoclaste très à l’écoute du monde. L’humour est caustique et fait mouche dans ce portrait (miroir ?) à charges lourdes, dans ce délire furieux, incisif et loufoque. « Abracadabrantesque » aurait peut-être dit… Rimbaud.