Eva Doumbia met en scène ces autres que l’on ne voit pas ou peu à la télévision et moins encore sur les plateaux de théâtre. Elle traque le racisme sournois ou très explicite, l’exclusion au quotidien, l’autorité des pères, la révolte des mères, l’incompréhension entre les générations. Avec Driss, Ramata et leurs copains, Mandela ou Karim, avec les parents, Maryama et Issouf, la dramaturge met en scène une « famille autre, en tout cas un peu différente » à laquelle elle souhaite un destin loin des clichés. Sans délinquance, ni dérives stéréotypées, mais pas davantage une réussite exceptionnelle « exemplaire ».
La dramaturge restitue, avec une authenticité forte, avec une justesse crue, avec humour aussi parfois, les mots de tous les jours. Elle trame sa pièce avec des apartés aux spectateurs pour mieux livrer les pensées secrètes et les cris intimes. Et en point d’orgue dramatique, en écho froid et menaçant, elle fait entendre la liste des noms des victimes policières depuis 2005…