Solal, un comédien, veut monter Poil de carotte. Arrive son ami Flavien, un metteur en scène reconnu. Face à lui mais aussi devant nous, Solal craque, débordé par l’émotion. L’enfance et le mal-être ressurgissent. Loin d’une amicale compréhension, Flavien, fort de ses succès, se montrera brutal et odieux. On est mal à l’aise. On est mal tout court devant cette humiliation, cette entreprise de destruction à vue.
Les créateurs-interprètes jouent de la confusion entre leurs vies et leurs rôles, utilisent leurs prénoms sur le plateau. Ils mettent à nu, avec un plaisir à peine dissimulé, la déconstruction du processus de création. On est entre fiction et réalité, vérité et imposture, l'acteur et son rôle, l'acteur et son double. Jeu de masques, jeu de massacre, c’est un chamboule-tout à scène ouverte. C’est incisif et vachard, c’est aussi cruel que drôle, salutaire et bienvenu. Jules Renard et son enfant à la chevelure rousse moqué ne sont pas si loin.