Pendant que Martin Palisse s’expose, en direct et en voix off, il jongle avec des balles. Un étrange mélange de concentration et de... distraction. L’art de la jongle crée une tension, une fragilité permanente de l’instant, un équilibre sans cesse remis en question. C’est un autre langage constitué d’instants précaires. Une manière élégante et prégnante pour dire le difficile, suggérer l’indicible. La jongle paraît soudain, telle une évidence, comme une métaphore discrète de cette maladie, longtemps tenue secrète.
« Depuis que je suis né, je négocie avec la vie ». Martin Palisse questionne l’échéance, le futur, le temps. Il dit la maladie, évoque l’hôpital, les médecins, les examens, les incompréhensions, les mots maladroits qui suscitent des colères, les moments de lassitude, de découragement, d’abandon. Il ne nie et ne renie rien. Il ne veut nulle compassion, nulle condescendance, nulle complaisance. Si le comédien jongleur accepte de se livrer, pour la première fois, avec la complicité du metteur en scène David Gauchard, c’est pour « aborder des sujets qui le dépassent » et avoir « une résonance, un écho au-delà de sa personne ». C’est aussi, sans doute, et comme ont pu l’être ses précédents spectacles, une réponse, un défi, un bras d’honneur adressés à la maladie.