Yngvild Aspeli joue le rôle de Nora, l’héroïne d’Ibsen, seule parmi des marionnettes à taille humaine. De ce double niveau de présence naît une sensation étrange, comme un renversement des rôles. Convoquant musique et danse libératoires - la tarentelle, danse traditionnelle de l’Italie du Sud proche de la transe -, c’est tout à coup Nora qui devient maîtresse du jeu tandis que les autres personnages-marionnettes attendent et ne demandent qu’à être... manipulés. Yngvild Aspeli crée un univers d’une grande beauté plastique. Les costumes, le décor, les rares objets présents, les matières et les couleurs, tout contribue à une féérie d’une somptueuse élégance.
Avec le personnage de Nora, Ibsen donne place et voix à l’émancipation d’une femme, d’une épouse. Écrite en 1879, sa Maison de poupée « secoue, fracasse et libère des vieux spectres ». Ce sont aussi les mots de l’actrice et metteure en scène pour qualifier sa version de cette pièce pionnière qui est toujours d’actualité.