C’est l’histoire d’une corporalité hors-norme. Tout petit, il inquiétait ses parents et son pédiatre en ne prenant pas assez de poids. Et puis au court de l’été de ses sept ans, juste après la victoire de la gauche, ce fut le déclic inverse. Le goût soudain pour les barbecues et le gâteau marbré, les chiffres qui grimpent en flèche sur la balance et déjà les injonctions à rentrer dans la norme. Désormais on l’appellerait bouboule. Une vie sur le banc de touche à regarder les autres agir. Jusqu’à ce qu’un jour, il pousse la porte d’un atelier de théâtre amateur.
De façon très délicate, Sylvain joue le jeu de l’introspection avec une écriture précise et aérée. On devine le ressenti du surpoids comme celui d’une malédiction, entre les moqueries, les régimes inutiles et la menace pour la santé. Mais la souffrance est toujours contrebalancée par l’humour et le plaisir communicatif qu’il a à partager son amour inconditionnel pour les bonnes choses. Plaisir aussi de le voir trouver sa place, son utilité au monde là où on ne l’attendait pas. Resté observateur durant son enfance, il brille aujourd’hui par sa capacité à transformer ce qu’il voit en mots, le regard aussi aiguisé que la langue.